Productrice et fondatrice de Gurkin Invest Film, elle aime mettre en scène les talents du cinéma. Avec un objectif : honorer sa ville et porter des valeurs du vivre-ensemble.
Le cinéma a été un peu le fruit du hasard. Alors qu’elle se destinait à des études de droit, Sabrina Roubache croise un jour Akhenaton, venu tourner dans son quartier, Félix Pyat. C’était il y a 23 ans. Le rappeur fait appel à elle pour son premier long-métrage, puis pour son album L’École du micro d’argent. « La vie a fait que j’ai démarré par un projet, puis deux… Et une fois dans la famille du cinéma, on n’en sort plus », sourit celle qui a « toujours aimé ça. J’ai toujours eu une appétence pour les arts. Je faisais du théâtre. Jamais sur scène, mais en coulisses. J’aime mettre en scène les autres ».
Elle étoffe son réseau en même temps qu’elle fait ses armes, si bien qu’en 2009, elle décide de créer sa propre boîte de production, Gurkin, « une startup de l’audiovisuel », qui fonctionne essentiellement à partir de fonds privés. La startup produit alors des films et des documentaires, le plus souvent depuis Marseille qu’elle veut mettre en lumière. « J’ai toujours cru au développement de cette industrie ici.» En effet, la ville est désormais la seconde à accueillir des tournages, derrière Paris, attirant de plus en plus de séries, comme l’incontournable Plus Belle la vie à Marseille, également Netflix à laquelle Sabrina Roubache est associée en tant que productrice exécutive.
Ma manière de faire de la politique, c’est le cinéma
Marseille, une série politique, et ça tombe bien, Sabrina Roubache adore ça. « Ma manière de faire de la politique, c’est le cinéma. » Pour cela, elle choisit « une ligne éditoriale engagée sur les sujets de société. En tant que producteur, on a une responsabilité puisque l’on passe un message. » Un message qu’elle diffuse au travers de fictions comme celle qu’elle prépare avec le scénarise Dan Franck : « C’est l’histoire vraie de Varian Fry. En 1940, ce journaliste new-yorkais est venu à Marseille pour sauver des milliers d’artistes pendant la Shoah. Par ces temps troubles, il n’y a pas de meilleur message de paix. » Des films qui portent un espoir : celui de mieux vivre ensemble. « Notre région a su assimiler toutes les cultures passées. Mais aujourd’hui, il faut encore consolider les strates, que ça se sédimente. Les gens vivent côte à côte sans se parler. Ils mangent côte à côte sans partager le moindre grain de sel. Or je pense que Marseille est capable de faire mieux. » Et quoi de mieux que le cinéma pour y contribuer ? « C’est un langage universel. »
M-G-P