L’Algérino, artiste international

Cinq millions d’abonnés sur youtube, ses clips génèrent des millions de vues et sa musique s’exporte aux quatre coins du monde. L’Algérino est un artiste hors normes qui s’est construit au fil des années une notoriété au-delà des frontières. Une victoire pour ce jeune Marseillais qui poursuit sa route là ou son instinct le mène. Rencontre.

Echos d’Orient : Tu reviens d’une grande tournée à l’étranger, comment cela s’est-il passé ?

L’Algérino : C’était le feu ! On a tourné pratiquement tous les jours. Le public était là avec la même énergie à chaque fois. Et il y a de plus en plus de monde à chaque tournée, c’est top !

Le titre de ton nouvel album s’intitule International en référence à ta notoriété acquise à l’étranger, comment expliques-tu un tel succès ?

Depuis mon album Prince de la ville, j’ai commencé à recevoir des messages sur les réseaux sociaux de différents pays étrangers : savoir que l’on t’écoute en Albanie, en Allemagne, en Hollande ou au Maghreb…c’est une victoire. Au fond de moi, je préfère ne pas prendre conscience de ce succès et rester dans ma bulle. Pour faire de la musique, il faut vraiment que je sois détendu, que je sois dans mon monde, c’est aussi une façon de me protéger.

Tu as baigné très tôt dans le rap et en parallèle, tu as obtenu un bac Scientifique : qu’est-ce qui t’a motivé à choisir la musique ?  

Ce fut le plus grand dilemme de ma vie car j’aimais beaucoup l’école. J’étais vraiment épanoui, j’avais beaucoup de facilité et j’apprenais très vite. J’aurais aimé aller plus loin. En parallèle, je faisais du Rap sans pour autant penser que j’allais en faire mon métier. Et quand j’ai rencontré Akhenathon, que je l’ai vu en studio  ça ete  pour moi le déclic. Mais c’était un choix très difficile et douloureux d’autant plus que faire sa place dans le milieu du RAP prend du temps et ce n’est pas facile.

International est ton 8eme album, quelles ont étaient tes sources d’inspiration ?

Je travaille beaucoup au feeling, Je ne calcule jamais rien. Certains de mes textes peuvent être plus mélancoliques que d’autres . Et même à travers certains titres plus légers tu exprimes aussi des choses. Mes chansons parlent de moi et toutes les musiques que j’écoute peuvent m’inspirer. Mais je parlerai plus d’ atmosphères musicales et d’état d’esprit.

« Quand tu vas à Casa, à Alger où  Abidjan et que l’on écoute ta musique, pour moi c’est une victoire »

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Le titre Va Bene que l’on retrouve dans la Bo de Taxi a génère plus de 86 millions de vues comment s’est passé ta collaboration avec Franck Gastambide ?

Taxi reste un film qui m’a marqué. il y a une forte identité marseillaise et moi j’étais fan des tous premiers Taxi et surtout des premières BO dont l’une réalisé par Akhenaton. Quand on me propose de faire la BO, je réponds naturellement oui. J’ai fait un titre qui me ressemblait et je savais pertinemment que ça allait coller au film parce que je suis marseillais et on a aussi les codes du sud. Au final le titre devient le single officiel du film.

Dans ce nouvel album on retrouve des featuring avec soprano, alonzo, des amis d’enfance , quel sens donnes tu à l’amitié ?

J’ai beaucoup réduit mon cercle d’amis. Et mes véritables amis je les considère comme ma famille. Je ne fais pas la différence entre un frère de sang et un ami, . L’amitié c’est très important pour moi. Avec Soprano et Alonzo on se connaît depuis l’âge de dix ans, on a grandi et évolué ensemble.

Il y a aussi un featuring avec Boef un rappeur néerlandais et le rappeur Algerien soolking est-ce que ces choix sont dans la continuité de ta volonté d’aller au-delà des frontières ?

J’aime faire découvrir de nouveaux talents. Boef est un rappeur d’origine algérienne et numéro un en Hollande. On s’est rencontré plusieurs fois dans des festivals et on a eu un très bon feeling. Un jour j’étais en studio à Bruxelles, je lui envoie un morceaux par WhatsApp, il a kiffé, et delà on a fait le titre ensemble. Et le rap hollandais est intéressant. Boef est une belle personne et je voulais vraiment que le public français le découvre.

Dans ton titre , « y a des mots que je peux pas dire » tu parles de la difficulté à exprimer tes sentiments, quels sont les mots que tu as le plus de mal à dire ..

Je suis quelqu’un de très pudique. Dire je t’aime à une personne s »est important mais il est vrai que par fierté mais aussi surement dû à mon éducation je ne me dévoile pas facilement. Mon père est quelqu’un qui ne parle pas mais tu vois dans ses yeux et dans ses gestes qu’il t’aime. Parfois tu n’as pas besoin de dire à une personne que tu l’aimes pour qu’elle le ressente. Les paroles s’envolent mais les actes restent.

Tu termines le titre L’hacienda, en t’adressant à ta mère Un style que l’on retrouve aussi dans ton ancien titre « si tu savais.. » ou tu lui confies les difficultés auxquelles tu dois faire face, que représente-t’elle dans ta vie d’artiste ?

À travers la chanson je m’adresse à elle. Ma mère c’est la base et c’est même une source d’inspiration. Contrairement à mon père, elle parle énormément et j’aime l’écouter. Elle m’a appris beaucoup de choses. Pour moi la femme est le pilier de la société. Et beaucoup de gens pensent que les Maghrébins ne donnent pas une vraie place à la femme ce qui est faux. J’ai toujours vu ma mère commander à la maison. Elle montre à mon père que c’est lui le chef mais en réalité c’est elle !

Le Rap français est ancré dans le paysage musical et a contrario a encore une mauvaise image , comprends-tu ce paradoxe ?

Je pense que c’est dû au fait que la plupart des artistes sont issus de l’immigration alors qu’ à la base, ce ne sont pas les gens des quartiers qui ont amené le rap. Dans le rap on a tout type de discours. Quand je joue mes concerts, j’ai aussi des familles.

L’utilisation de l’auto-tune à révolutionné le Rap et en même temps divise , quel est ton avis sur ce sujet  ?

C’est un instrument musical intéressant. On a tous une musicalité qu’on n’aurait pas su développer sans l’auto-tune. Mais après il faut quand même avoir de l’interprétation et de l’émotion et il il y a beaucoup d’artistes qui ont réussi à s’exprimer parce que l’auto-tune est arrivée.

On voit également émerger a une nouvelle génération de rappeurs « do it yourself » en indépendant..

On a la chance d’avoir internet. À l’époque il y avait de très bons rappeurs, mais on est passé à côté car ils n’avaient pas de maison de disque et n’étaient pas médiatisés. J’en ai aussi fait les frais . Les maisons de disques choisissaient les artistes à mettre en avant et les autres restaient au placard. Aujourd’hui grâce à internet on propose directement notre musique au public et c’est lui qui décide et ça c’est énorme. La liberté artistique est la clé de la réussite. Mais pour être libre artistiquement, il faut aussi l’être financièrement. C’est aussi cette liberté qui te permet de donner le meilleur de toi-même .

Internet a beaucoup contribué à ton succès, quel est ton rapport avec les réseaux sociaux ?

C’est mon principal outil de communication mais je donne juste ce qu’il faut. Le public a appris à me connaitre comme étant aussi quelqu’un de mystérieux et de discret sur ma vie privée.

Tu parles souvent de folie musical , es ce un rapport avec ton goût pour la prise de risque ?

J’ai toujours été un incompris. on peut rester dans sa zone de confort et être bien mais moi je ne peux pas, j’ai besoin de proposer à chaque fois de nouvelles choses. Si je ne prends pas de risque, je m’ennuie.

On parle beaucoup aujourd’hui de Rap de divertissement, terme qui n’existait pas il y a quelques années…

Le rap conscient peut être perçu aussi comme du divertissement. Je ne fais pas de différence. Quand je regarde un documentaire par exemple ça me diverti. Dans mes albums il y a toujours un équilibre entre le côté ensoleillé et le côté plus texte. Après je pense qu’il en faut pour tout le monde.

Tu as de multiples influences, comment as tu décidé de faire évoluer ton style musical ?

J’ai baigné dans le rap Français, Américain, la variété française, le raï et d’autres influences. C’est quand j’ai commencé à composer que j’ai vraiment développé ma musicalité et c’est ce qui m’a permis de varier mon style.

Comment vois tu l’évolution du RAP au Maghreb ?

C’est le futur du rap. En Afrique la musicalité est largement plus développée qu’en France. Ils ont une vraie sensibilité musicale. Ici en France, on va être plus influencé par ce que les médias vont suggérer. Il y a beaucoup d’artistes qui ont du succés en France car poussés par certains médias, mais ne s’exportent pas forcément à l’étranger. Quand tu vas à Casa, à Alger ou à Abidjan et que l’on écoute ta musique, pour moi c’est une victoire.

Selon toi quelles sont les clés pour perdurer dans ce métier ?

Si tu as l’étincelle, tu pourras durer, si tu n’as plus le goût, tu ne dureras pas. Et il faut travailler très dur tout en prenant du plaisir. Le jour où je ressens que je n’éprouve plus d’émotions en studio ou en concert on ne me verra plus.

Le 3 novembre, tu seras sur scène pour la première fois au dôme de Marseille, appréhendes tu ce moment ?


c’est la première fois que je fais le dôme. C’est un endroit mythique à Marseille, c’est un truc de dingue et j’ai vraiment hâte. On me voit beaucoup à l’étranger mais le public ne sait peut-être pas ce que je vaux réellement sur scène et là je vais leur donner un vrai spectacle. On est en train de monter un super show et l’idée est de faire voyager le public autour du monde tout en étant à Marseille.

Fatima.CHHIMA

Portrait chinois

L’Algérino, si tu étais :

Une couleur : le bleu.

Un pays : L’Algérie.

Une citation : « savoir d’où tu viens pour savoir ou tu vas ».

Un souvenir : à l’âge de 7 ans, on allait en bande à pied de Felix piat au stade vélodrome.

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