La présidentielle vue de l’étranger : entre soulagement et inquiétude
La victoire d’Emmanuel Macron met fin à une campagne électorale inédite dans laquelle les partis classiques se sont égarés. Après le Brexit et l’investiture de Donald Trump, le monde avait les yeux rivés sur la France. Au lendemain du second tour le soulagement prédomine, mais le score élevé de la candidate d’extrême droite inquiète. Lire la suite ..
Royaume-Uni : Macron, un danger pour le Brexit
La première ministre britannique a « félicité chaudement » Emmanuel Macron dimanche soir. Celui qui avait qualifié le Brexit de « grave erreur » s’est entretenu au téléphone avec Theresa May dès le lendemain. L’occasion pour Mme May de réitérer sa volonté d’instaurer « un partenariat fort avec une Union européenne sûre et prospère » après un bref échange sur la question du Brexit.
De son côté la presse britannique qui prédisait l’élection de Marine Le Pen dans le prolongement du Brexit et de l’investiture de Donald Trump, salue la victoire du plus jeune président français de la Ve République. Le Times parle d’un « raz de marée » pour Macron, omettant cependant les taux record de l’abstention et des votes blancs ou nuls qui ont marqué le second tour.
Certains quotidiens soulignent les défis qui attendent l’outsider de la politique. « Si Emmanuel Macron ne réussit pas à réformer la France, il est tout à fait possible qu’en 2022 Marine Le Pen soit élue présidente. », prévient le quotidien The Guardian. Mais c’est par le prisme du Brexit que l’événement est principalement analysé de l’autre côté de la Manche. La crainte que le nouveau président ouvertement pro-européen ne complique les négociations entre la GB et l’UE est omniprésente. « Le nouvel espoir pour la France met un nuage au-dessus du Brexit. », titre ainsi le Daily Telegraph.
Quant aux tabloïds qui misaient tout sur l’élection de Marine Le Pen, ils ont tout simplement décidé d’ignorer l’événement et de faire leur une sur un baiser du prince Harry et de sa fiancée.
Allemagne : Les Français sauvent l’Union européenne
Citoyens européens convaincus, les Allemands ont vécu la victoire du candidat « En Marche » comme un soulagement. La chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé qu’il s’agit d’« une victoire pour une Europe forte et unie et pour l’amitié franco-allemande ».
Les titres de la presse allemande ne laissent aucun doute à ce sujet. Le second tour de la présidentielle entre l’extrême droite anti-européenne et le candidat centriste se résumait, pour nos voisins allemands, à un référendum pour ou contre l’UE. « La France dit oui à l’Europe. », pouvait-on lire en une de Bild. « L’Europe respire, Macron devient le nouveau président. », écrivait le Süddeutsche Zeitung .
États-Unis: « Un tournant décisif »
Le président américain a réagi à l’annonce des résultats du second tour via Twitter. « Félicitations à Emmanuel Macron pour sa large victoire aujourd’hui. Je suis impatient de travailler avec lui. », a-t-il tweeté dès 21 h 30. Des félicitations sans ferveur de la part de Donald Trump qui avait affirmé que Marine Le Pen était « la plus ferme sur les frontières et sur les événements récents en France ». La relation entre les deux homologues, opposés sur de nombreux sujets, s’annonce donc tendue. Leur première rencontre officielle aura lieu à l’occasion du sommet de l’OTAN à Bruxelles le 25 mai.
Du côté des démocrates, la victoire d’Emmanuel Macron a un goût de revanche après le coup porté par l’investiture de Donald Trump. Dans un tweet, Hillary Clinton évoque une « victoire pour Macron, pour la France, pour l’Europe et pour le monde ». Bernie Sanders a quant à lui félicité les Français d’avoir « rejeté le racisme et la xénophobie ».
La presse américaine qui avait montré un certain désintérêt pour la campagne présidentielle française consacrait la grande majorité de ses unes de lundi à la victoire d’Emmanuel Macron. Pessimiste, The New York Times souligne qu’à quelques semaines des législatives : « Marine Le Pen se positionne comme une « nouvelle force politique d’opposition », avec un œil sur le prochain scrutin. » Plus optimiste le Wall Street Journal évoque un « tournant décisif qui donne au nouveau venu en politique un mandat fort pour refondre l’économie française ». L’image d’outsider de la politique, jeune et pragmatique portée par le nouveau président français a su convaincre outre-Atlantique. Les expatriés français ont plébiscité M. Macron avec 92,26 % des suffrages exprimés, bien que le taux de participation n’ait été que de 44 %.
Russie : « Surmonter la méfiance mutuelle »
Vladimir Poutine a attendu le lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron pour lui présenter ses félicitations. Un signe s’il en est qu’il ne faut pas s’attendre à une amélioration des relations franco-russes. «Il est particulièrement important de surmonter la méfiance mutuelle et d’unir nos forces pour assurer la stabilité et la sécurité internationales. », tempère tout de même le président russe.
Vladimir Poutine avait largement soutenu la candidature de Marine Le Pen en la recevant au Kremlin en mars. Les médias proches du pouvoir avaient quant à eux mené une campagne violente de dénigrement du candidat centriste n’hésitant pas à relayer de fausses informations. La déception russe est donc palpable. « Ils ont mérité Macron. », titre la Komsomolskaïa Pravda ajoutant que « l’enfer de la globalisation » attend le peuple français.
Satisfaits ou déçus la plupart des analystes étrangers s’accordent sur un point, de nombreux défis attendent le nouveau président. Le premier d’entre eux sera de parvenir à constituer une majorité parlementaire lors des élections législatives des 11 et 18 juin.
L.C