« Salem » : Une odyssée cinématographique au cœur des tensions sociales

Marseille, ville portuaire vibrante et multiculturelle, sert de toile de fond à un récit captivant dans le dernier film de Jean-Bernard Marlin, “Salem”. Après le succès de “Shéhérazade” , le réalisateur nous plonge dans un univers où le fantastique se mêle à la réalité crue des quartiers marseillais.

Un amour impossible

“Salem”( sélectionné en compétition dans la section Un certain Regard du festival de Cannes) raconte l’histoire d’amour contrariée entre Djibril, un jeune Comorien, et Camilla, une gitane, tous deux issus de quartiers rivaux. Leur amour, digne d’une tragédie shakespearienne, est mis à l’épreuve par les tensions communautaires et les préjugés familiaux. Djibril, passionné de musique, joue du oud dans les ruelles étroites de la vieille ville, tandis que Camilla danse le flamenco avec grâce et fougue. Leur rencontre fortuite lors d’une nuit étoilée les entraîne dans un tourbillon d’émotions et de mystères. Avec une durée d’une heure et quarante-trois minutes “Salem” est une exploration de la condition humaine, où les thèmes de l’amour, de la haine et de la rédemption sont tissés avec habileté. En arabe « Salem » signifie « la paix ». Un choix de titre qui reflète les thèmes de réconciliation et d’espoir malgré les conflits présentés dans le film. « Djibril, le héros du film, tente d’amener les autres vers la paix, alors qu’ils sont en pleine guerre entre quartiers. J’ai aussi choisi ce titre parce qu’il veut également dire : bienvenue, où : bonjour en arabe. » souligne le réalisateur.

Le Fantastique et le Réel

Le réalisateur Jean-Bernard Marlin connu pour son style réaliste et immersif, utilise des techniques de narration innovantes pour capturer l’intensité émotionnelle de l’histoire. Il a opté pour une approche immersive, utilisant des plans fixes et des storyboards détaillés pour capturer l’essence des personnages et de leur environnement. Cette technique permet aux spectateurs de s’immerger pleinement dans l’histoire et de ressentir les émotions des protagonistes de manière plus intime. Mais ce n’est pas tout. Le réalisateur introduit subtilement des éléments fantastiques : des ombres qui dansent sur les murs, des chats noirs qui semblent en savoir plus qu’ils ne le devraient, et des rêves étranges qui se mêlent à la réalité. Est-ce la magie de Marseille ou simplement l’imagination des amoureux ? Le spectateur est invité à décider. Ce monde invisible dans lequel le réalisateur nous plonge, réside dans sa propre histoire. « Quand on est enfant, difficile de ne pas être contaminé par les croyances et idées de ses parents. J’ai parfois cru aux fantômes de mon père, à ses visions, ses pressentiments, à ses pouvoirs de guérison » se confie t’-il . Ainsi, le monde invisible se mêle au visible, créant une atmosphère unique et mystérieuse. La transmission est un thème central du film, comme l’indique le réalisateur lui-même. Il s’agit de transmettre des valeurs, des croyances et des traditions au sein d’une société multiculturelle où les origines diverses coexistent et parfois s’affrontent. 

Le casting et l’authenticité

Le casting, composé de nouveaux talents découverts lors d’un casting sauvage de dix mois, apporte une authenticité et une fraîcheur remarquables au film. Dalil Abdourahim et Maryssa Bakoum, interprètes de Djibril et Camilla, incarnent avec brio la complexité de leurs personnages, naviguant entre maturité et innocence. Leurs regards, leurs gestes et leurs silences en disent autant que les dialogues. Les performances sont exceptionnelles, en particulier celle d’Oumar Moindjie, qui incarne le personnage de Djibril avec une intensité rare. Sa capacité à exprimer la complexité émotionnelle de son personnage est à la fois captivante et déchirante.

“Salem” est une œuvre audacieuse qui défie les genres, mélangeant drame, thriller et éléments ésotériques. Le film est une expérience sensorielle qui invite à la réflexion, offrant une vision singulière de Marseille et de ses habitants. C’est un voyage cinématographique à ne pas manquer, qui marque l’esprit bien après la fin de la projection.

Sortie en salle le 29 mai 2024

Synopsis : Djibril est un jeune comorien des Sauterelles, un quartier difficile de Marseille. Il est amoureux de Camilla, une gitane du quartier rival des Grillons. Lorsqu’elle lui apprend qu’elle est enceinte, Djibril lui demande d’avorter pour ne pas déclencher une guerre des clans. Mais l’assassinat d’un ami de Djibril, sous ses yeux, va embraser les deux cités. Traumatisé, Djibril sombre peu à peu dans la folie. Il est persuadé́ qu’une malédiction s’est abattue sur le quartier et décide de garder à tout prix son enfant : pour lui, seule sa fille pourra les sauver du chaos. 

 

 

 

 

 

 

 

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