Nouveaux rythmes scolaires : une réforme qui ne fait pas l’unanimité

En cette rentrée, la réforme des rythmes scolaires était sur toutes les lèvres. Censée être appliquée dès septembre, la mairie de Marseille peine à organiser les activités périscolaires. En attendant ces activités prévues pour la rentrée après la Toussaint, des garderies sont mises en place mais ne suffisent pas à calmer la colère des parents.

Nouveaux rythmes scolaires : une réforme qui ne fait pas l’unanimité

La réforme des rythmes scolaires, qu’est-ce que c’est ?
Adoptée en janvier 2013, cette réforme consiste à revenir à la semaine de 4,5 jours de classe par semaine au lieu de quatre jours en vigueur depuis la réforme de 2008 du ministre de l’Education de l’époque, Xavier Darcos. Avec cette réforme, le mercredi devient donc une journée d’école. Pour autant, le nombre d’heures de classe hebdomadaire ne change pas, il est seulement réparti sur neuf demi-journées au lieu de huit. Le but étant de réduire de 45 minutes les journées de cours et de consacrer ce temps à des activités périscolaires. Par souci pratique, Benoît Hamon, alors ministre de l’Education Nationale, a autorisé par décret les communes à cumuler ce temps en une demi-journée, le vendredi après-midi pour la plupart des communes dont Marseille. Cette dérogation, supposée être réservée aux villages ruraux, fait perdre à cette réforme tout son sens puisque les journées sont toujours aussi chargées.

Une réforme qui ne fait pas l’unanimité
Appliquée dans certaines communes depuis la rentrée 2013, la réforme des rythmes scolaires est décriée par de nombreux parents. Selon Joëlle, maman de deux enfants, « cette réforme est ridicule et non adaptée aux besoins des enfants. J’ai dû retirer mon fils des activités. Quand un enfant vous dit ‘maman, je suis trop fatigué je n’en peux plus’, c’est qu’il est temps de faire quelque chose » explique-t-elle. Même son de cloche pour Magalie dont « les enfants sont complètement déboussolés. Ils sont tellement fatigués qu’à peine rentré, ils s’endorment, ce qui perturbe le coucher du soir ! Ma fille de huit ans ne veut même plus faire ses devoirs tellement elle est fatiguée » raconte cette maman de quatre enfants qui a beaucoup de mal à s’organiser avec cette nouvelle cadence scolaire. Censé alléger les journées de cours, le nouveau rythme semble avoir causé encore plus de fatigue chez les enfants. Pour Magalie « cette réforme est en train d’écœurer les enfants de l’école ! ».
« Cette réforme est ridicule et non adaptée aux besoins des enfants… »
Une opposition vite essoufflée
En outre, de nombreux maires ont tenté de s’opposer en empêchant la tenue des cours. Un mouvement qui s’est très vite essoufflé suite aux procédures juridiques intentées en cascade par les Préfectures. C’est le cas à Marseille où, après un bras de fer, Jean-Claude Gaudin a cédé, non sans mal, et mis en place des garderies en attendant les activités périscolaires. Chahuté début septembre lors d’une visite dans une école du 7e arrondissement, le Maire avait lâché un « occupez-vous de vos enfants » avant de tenter de calmer les choses en affirmant que la réforme se fera au fur et à mesure, invoquant pour sa défense le manque de temps dont disposait la mairie. Difficile pourtant de croire que l’année supplémentaire accordée aux communes pour préparer cette réforme ne lui a pas suffit pour mettre en place les activités périscolaires.
Des garderies en attendant les activités périscolaires
Face aux difficultés rencontrés par les famille suite à la mise en place progressive de la nouvelle semaine scolaire, la mairie de Marseille propose depuis le vendredi 12 septembre un dispositif de garderie. Pour cette première semaine, 175 écoles étaient restées ouvertes et avaient proposé une garderie dans l’après-midi et cantine ou pique-nique le midi. Cette solution provisoire sera maintenue jusqu’au démarrage des activités périscolaires prévu après la Toussaint. D’ici là, la Ville doit recruter 3 500 animateurs titulaires du BAFA. Et ce n’est pas chose aisée.
Face aux tumultes provoqués par cette réforme, difficile de prédire quel sera son avenir. Une réalité risque pourtant de rattraper les maires, les communes risquent des procédures judiciaires si elles n’appliquent pas la réforme.
B.C

Ce qu’en disent les spécialistes
La plupart des spécialistes de la chronobiologie s’accordent à le dire, la semaine des quatre jours ne concordait pas avec le rythme biologique de l’enfant. A cet âge-là, il est nécessaire de mettre en place une continuité tout au long de la semaine et les coupures à répétitions engendrées par la semaine à quatre jours sont très néfastes, explique Claire Leconte, spécialiste en chronobiologie. De nombreuses études scientifiques démontrent que la semaine à quatre jours altère le rythme biologique de l’enfant.
Pour autant, la formule mise en place par la réforme des rythmes scolaires n’est pas idéale. Bien plus que la réorganisation du temps, c’est le réaménagement des activités qui semble essentiel en vue de l’apprentissage de l’enfant. Pour cela, il est important d’aérer les matières demandant un gros effort cognitif (tels que le français et les mathématiques) avec des matières moins lourdes (tels que la musique, l’EPS ou les arts).
En réponse aux parents inquiets de la fatigue de leurs enfants, là aussi les spécialistes s’accordent à dire qu’il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions et faire le lien entre cette fatigue et les nouveaux rythmes scolaires.
Quoi qu’il en soit, un point reste indiscutable, il est primordial de coucher ses enfants toujours à la même heure, même le week-end.

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