Mounir Gouri, inspiré par son passé à Annaba et son présent en région parisienne

L’artiste expose plusieurs de ses œuvres dans le cadre de la Biennale européenne de création contemporaine, Manifesta 13 Marseille. Un jalon de plus dans un parcours créatif débuté en Algérie et qui se poursuit en France. 

Il est né en 1985 à Annaba, « dans un quartier dur, où personne ne s’intéressait à l’art », précise-t-il. Pourtant, Mounir Gouri dessine depuis l’enfance. Sur les rives de la Méditerranée, il passe alors de longues heures à crayonner. 

Cette passion le pousse à se lancer véritablement dans une voie créative en s’inscrivant aux Beaux-Arts, toujours à Annaba, en 2006. « J’ai eu mon diplôme en 2011. Puis j’ai commencé à exposer mon travail », raconte-t-il. En Algérie d’abord, puis à Londres, Munich, New York. 

Il vit en région parisienne depuis 2018. « J’ai voulu compléter mes études avec un Master 2 à l’École nationale supérieure d’art de Paris-Cergy », explique-t-il, fier de constater « qu’ici, il y a des gens qui comprennent mon travail, qui se montrent curieux et s’intéressent ». 

Mounir Gouri manie plusieurs techniques avec adresse : performances, photographie, sculpture. Mais il avoue avoir une prédilection pour le dessin et la vidéo. « Je me suis toujours intéressé à l’impact de l’image », dit-il, ajoutant aborder « des thèmes qui me parlent. Je montre des choses qui me touchent, que je vois dans mon quotidien ou qui relèvent de mon passé en Algérie ».

“Engagé, à ma manière”

Et c’est justement grâce à l’une de ses vidéos tournées à Annaba qu’il a pu exposer à Nice, dans le cadre de la Biennale européenne de création contemporaine, Manifesta 13. Avec « Les Parallèles du Sud », des artistes avaient carte blanche pour inviter d’autres artistes à les rejoindre sur une exposition collective. Karim Ghelloussi a choisi de convier Mounir Gouri. « Il est allé à Annaba quand il était enfant. Une de mes vidéos, « Naufrage », est en partie tournée dans ma ville natale. Ça l’a touché ». 

Se considérant comme « un artiste engagé, à ma manière », Mounir Gouri y présente une installation baptisée « Constellations ». Une œuvre intégrant « des tapis de prière fabriqués avec du charbon », en hommage à ceux qui, à bord d’une embarcation de fortune, ont quitté Annaba pour rejoindre l’Europe. « Les gens qui ont vécu cette traversée m’ont raconté qu’en pleine mer, tout est noir et qu’on ne voit que les étoiles. J’ai voulu retranscrire ce qu’ils ressentent dans ces bateaux, mais aussi représenter la prière qu’ils font avant de partir, pour rester sains et saufs. »

« Des tapis de prière fabriqués avec du charbon », en hommage à ceux qui, à bord d’une embarcation de fortune, ont quitté Annaba pour rejoindre l’Europe »

Cette installation est complétée par une série de dessins, intitulée « Sur les pas des empreintes », celles de ses propres mains réalisées avec du charbon. « Parce que c’est une matière vivante, issue du bois brûlé, de tout cheminement ». Un peu à l’image de son propre cheminement, de son enfance à Annaba et à sa consécration d’aujourd’hui.

Exposition « Les Parallèles du Sud », au 109 (89 route de Turin à Nice), jusqu’au 5 décembre.

Plus d’infos. https://manifesta13.org

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