C’est en substance le thème du stage des onze Libyens venus à Marseille du 16 au 21 février 2015. Les jeunes, invités par le Réseau Euromed France, ont visité dans le cadre du renforcement de la société civile libyenne, des centres sociaux, la plate-forme de services de Bougainville gérée par la Ligue de l’Enseignement des Bouches-du-Rhône ainsi que d’autres structures associatives. Par ailleurs, le but d’apporter un regard croisé sur la vie associative et le fonctionnement de la société civile en France et en Libye a été une autre motivation de la rencontre programmée sous le signe de l’échange.
Samira Al Massouadi est la chef de la délégation. Cette activiste a su créer le consensus au sein de ce groupe issu de groupes sociaux différents et aux référents politiques et idéologiques divers. Ils sont tous motivés par un seul objectif : l’unité de la Libye.
« Nous comptons sur la jeunesse du pays pour faire évoluer les mentalités en Libye et de permettre aux femmes de mieux connaître leurs droits. Paradoxalement, on parle de printemps arabes, mais aussi d’automne des femmes car, les révolutions ont souvent entraîné le recul des droits des femmes », explique Samira Al Massouadi, qui est d’ailleurs présidente d’une association de développement et de la promotion de la jeunesse et des femmes.
« Nous comptons sur la jeunesse du pays pour faire évoluer les mentalités… »
Pour sa part Huosam Eddeein Elbaroni du mouvement Bidaya du 17 février ajoute que la situation en Libye n’est pas aussi dramatique que ce que les médias véhiculent.
« Nous voulons présenter une autre image de la Libye : celle des jeunes, de la société civile qui bouge et qui cherche à améliorer les choses. (…) Vous savez, lorsque je suis arrivé ici, je pensais arriver dans un pays en guerre avec ses religions, car tel est le message véhiculé par les médias en Libye. Et j’ai eu la surprise de découvrir une société où les gens se respectent, quelles que soient leur origine ou leur religion. Et bien, partout dans le monde les humains aspirent à vivre en paix, et partout dans le monde, il existe une minorité de personnes qui est prête à tout pour le pouvoir ».
Et d’ajouter : « en Libye, l’éducation est un problème majeur ou plutôt cela l’est pour les catégories populaires car les couches aisées ont accès à une éducation de qualité, un état de fait qui résulte de l’ancien régime. Mais, malgré les difficultés, la jeunesse est consciente de son rôle, de sa capacité à faire changer les choses. Nous sommes dans une phase de transition, c’est dur, mais cela ne va pas durer. Et cela même si certains cherchent à s’accaparer le pouvoir, si des forces occultes sont à l’œuvre. »
En guise de réponse concernant la menace islamiste, Achraf Algriani explique : « Les armes se trouvent en abondance chez un nombre considérable de la population. Cela fausse les échanges et les débats. Certains groupes armés manipulent des jeunes ignorants pour faire pression sur ceux qui cherchent à bâtir la Libye de demain.
Parmi les acquis de la révolution réside un espace de liberté. Et nous cherchons maintenant à investir davantage cet espace et à travailler main dans la main pour le bien général des citoyens ».
Par ailleurs, un débat public qui a eu lieu à la Villa Méditerranée a été parmi les temps forts du stage. L’échange avec le public présent a permis, entre autres, d’évoquer ces idées reçues et ces images véhiculé par les médias sur ce qui se passe en Libye depuis la chute du régime de Kadhafi.
Abderrahim Bourkia