Passionnante Leïla BEKTHI

Elle est belle et talentueuse. A  tout juste 27 ans, brille dans le cinéma français. Après le succès du Prophéte et de Tout ce qui brille , Le 7ème art lui déroule pour la troisième fois le tapis rouge à Cannes pour le film La source des femmes où elle excelle dans le rôle de Leïla. Rencontre avec la nouvelle étoile du cinéma français.

Sacrée meilleur espoir féminin du cinéma français, Leïla Bekthi confirme une fois de plus son talent dans La source des femmes qu’elle défend avec beaucoup d’émotion. Elle nous parle d’amour et d’altruisme, convaincue que la vie ne vaut d’être vécue sans amour. Pleine de vie, elle raconte les yeux pétillants, sa collaboration avec le réalisateur Radu Mihaileanu. « Il est devenu mon grand-frère » confie-t-elle. Elle est comme ça Leïla, passionnée quand elle défend ce qu’elle aime. Consciente de sa belle étoile, elle n’oublie pas d’où elle vient « quand je retourne voir mes parents en banlieue, ça vaut un milliard de Cannes ». Sa beauté orientale ne laisse personne indifférent. C’est donc tout naturellement qu’elle a été choisie par l’Oréal pour être sa nouvelle égérie. Un autre rôle qui lui va si bien.

 

Echos d’Orient : Comment passe-t-on de la banlieue à la montée des marches à Cannes ?

Leïla : En banlieue on monte aussi les escaliers ! (rires). Dans le film Tout ce qui brille dans lequel j’ai tourné, on évoque le sujet de la banlieue et je pense que c’est une histoire de codes, de cette envie de faire partie de ce monde ou pas. Me concernant, je n’ai plus cette frustration. J’arrive à Cannes toute timide, comme lorsque je suis à Paris. Pour moi, il n’y a rien qui changé. Dans les deux cas je suis toujours émerveillée. Quand je retourne voir mes parents en banlieue, ça vaut un milliard de Cannes !

J-1 avant la montée des marches pour le film La source des femmes, dans quel état d’esprit te trouves-tu ?

J’ai sept ulcères ! (rires) Je suis très émue car ce sera la montée des marches des femmes du village et c’est la première fois de leur vie qu’elles vont voir un film et qu’elles sortent de leur village. Et cette aventure dépasse tout !

Comment qualifierais-tu le film La source des femmes ?

Le scénario m’a énormément touchée. Ce film est une ode à l’amour, c’est sur la capacité à s’aimer, à se regarder et à se comprendre. Je crois que l’un des plus grands problèmes dans les relations humaines c’est que l’on ne s’écoute plus. Ce n’est pas du tout un film manichéen dans lequel on oppose les femmes aux hommes, bien au contraire. Ce que j’aime dans ce film, c’est toute la poésie qu’il inspire. C’est aussi un film sur le savoir. A la fin du film, il y a un chant qui dit “la source de la femme c’est l’amour et la source de la femme c’est son homme” et je crois que c’est vrai.

Radu dit être marqué par ton talent, comment s’est passée votre collaboration ?

Radu est devenu mon grand frère. C’est quelqu’un de très important pour moi. J’admire son travail. C’est un homme qui aime ce qu’il fait. C’est un humain avec un grand H. Au début je pensais qu’il voulait juste mon avis sur le scénario, je n’aurais jamais pensé qu’il allait me proposer un rôle ! J’ai la chance d’avoir tourné ce film avec lui.

Le chant occupe une grande partie dans le film. Comment s’est déroulé l’apprentissage de la langue ?

Chez moi on parlait couramment l’algérien mais avec le départ de mes grands-parents je n’ai plus eu l’occasion de pratiquer la langue. Pour le film on a travaillé avec un coach le dialecte marocain. Je dormais avec les gens du village, discutais avec eux afin de m’approprier la langue. On était dans un village où les hommes et les femmes parlaient uniquement le dialecte marocain, il était évident, ne serait-ce que par respect pour l’accueil qu’ils nous ont réservé, de faire cet effort. La meilleure école a été de parler directement avec les villageois et de vivre avec eux au quotidien. J’en avais besoin et ça a enrichi mon personnage.

Tout au long du film on se rend compte que finalement le manque d’eau au village est un appel au secours de ces femmes et un prétexte pour soulever d’autres problèmes…

Oui, tout à fait. Ça soulève beaucoup de problèmes surtout celui de la non-considération de l’autre. Dans le film, le conduit d’eau qui manque dans ce village n’est que la métaphore d’un manque d’amour. Je vais reprendre la phrase de Serge Gainsbourg « la vie ne vaut d’être vécue sans amour » et je le pense encore plus avec ce film.

Comment définirais-tu ton personnage dans ce film ?

C’est une femme révoltée mais dans le bon sens du terme, qui va jusqu’au bout de ses idées avec respect. Elle est forte et en même temps fragile. C’est cette dualité qui m’a séduite. C’était très important pour moi de valider ce que je disais. Ma scène avec l’imam est très importante, je parle de sourates du Coran. Il ne fallait pas dire tout et n’importe quoi. J’ai fait une confiance absolue au réalisateur, il a fait des recherches sur le Coran et sur ce qui y est écrit et j’en ai fait de même de mon côté. Le personnage de Leïla a besoin de l’amour de son mari. Et moi dans la vie c’est pareil, j’ai besoin de l’amour des gens que j’aime pour avancer.

Que retiens-tu de cette expérience ?

Quand je suis arrivée au village, j’avais mes a priori d ‘occidentale. En voyant ces femmes laver leur linge, j’ai eu un sentiment de tristesse m’imaginant les conditions dans lesquelles elles devaient vivre. Puis je me suis rendue compte qu’elles étaient très heureuses et qu’elles gardaient toujours le sourire. La vraie différence qu’il y a entre elles et nous, c’est l’accès au savoir. J’étais bouleversée de voir ces jeunes femmes qui ne savaient ni lire ni écrire car pour moi la clé de la liberté c’est le savoir. Humainement, j’ai beaucoup appris et ce film m’a fait grandir.

Ce film est une ode à l’amour : comment vois-tu ce sentiment ?

C’est un sentiment irrationnel. L’amour m’émerveille et me rend complète !

F.C

 

Synopsis : Cela se passe de nos jours dans un petit village, quelque part entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les femmes vont chercher l’eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb, et ce depuis la nuit des temps. Leïla, jeune mariée, propose aux femmes de faire la grève de l’amour : plus de câlins, plus de sexe tant que les hommes n’apportent pas l’eau au village.

La source des femmes, sortie prévue le 2 novembre 2011.

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