S’il ne semble pas être un modèle de vertu, le jeune homme n’en est pas moins un véritable modèle de rédemption. De voyou à professeur, Kamel Madani a relevé un challenge insensé pour certains, impossible pour d’autres.
Né d’un père français et d’une mère algérienne, avec à ses côtés deux frères et une soeur, Kamel fait tout petit l’expérience de la violence. Une violence qui le conditionnera par la suite. De délit en délit, le jeune homme se retrouve un jour accusé de complicité dans une affaire de vol à main armée en bande organisée. La sentence tombe le 17 mai 2014, à 1 heure du matin, il écope de quatre ans de prison fermes. « J’ai toujours rêvé d’être enseignant », confie-t-il, « au moment de la condamnation, c’est la première chose à laquelle j’ai pensé ». « Ma parole, c’est mon arme. », explique Kamel dans son livre. Une arme contre la violence de ses parents, mais une arme également pour la propagation de son vécu. Il s’en est sorti, il veut que la France sache comment. Une seule réponse : par la persévérance. On le voyait déjà ennemi de la République, en marge de la société, quand, dès septembre 2014, Kamel Madani, encore en prison, prend son destin à bras le corps et reprend ses études. Des conditions qui en auraient fait abandonner plus d’un, mais pas lui. « Je suis lucide », explique-t-il, « je connaissais les choix qui s’offraient à moi ».Le 5 février 2015, il est placé sous bracelet électronique, premier pas vers la liberté. Il échoue en parcours d’écotoxicologie, mais ne baisse pas les bras et se lance en master MEEF. En décembre, son casier est effacé. La rédemption. Le 3 septembre 2016, c’est face à sa classe qu’il en profitera réellement. De voyou à prof, Kamel Madani a fait mentir les « on-dit ». Son métier de professeur, il l’exerce aujourd’hui avec passion. « Je voulais exercer en lycée pro. », explique-t-il. Ses jeunes, il les accompagne, les écoute, les forme. « en France, L’Éducation nationale est formidable », insiste le jeune homme, « il suffit de sortir du pays pour s’en rendre compte ».
Si les lignes de son livre, uniquement doivent leur fond à Kamel Madani et leur forme à Caroline Lamy, mère de ses enfants, et trahissent l’admiration que cette dernière porte au jeune homme, elles n’en sont pas moins touchantes et empruntes de sincérité. « C’est grisant d’être seul à rêver, d’être seul à croire en soi. C’est presque plus motivant, je crois. », inscrit Kamel. La persévérance, la rage de vouloir partager son histoire, Kamel Madani ne manque pas de ressources, et casse les préjugés.
– De Voyou à Prof, Kamel Madani et Caroline Lamy, Amazon, 12 euros.