Dans le troisième arrondissement de Marseille, beaucoup de familles sont laissées pour compte faute d’être en capacité de réclamer leurs droits. Face à ce constat, treize élèves du lycée le Chatelier ont décidé d’agir.
Quelqu’un toque à la porte. Louisa Boudjadja, enseignante au lycée le Chatelier, entre dans sa salle de classe. Mais aujourd’hui, elle se fait appeler « Asoumani Riaka » et vient « pour un dossier de logement », comme elle l’explique aux quatre lycéennes qui l’accueillent devant la porte. Tandis que les unes inscrivent scrupuleusement son nom et l’objet de sa visite, une autre la conduit vers ses « collègues pour qu’elles répondent à votre demande ».
Malgré les apparences, c’est bien un cours de gestion qui anime cette petite salle aux murs jaunes du lycée le Chatelier. Mais un cours quelque peu particulier car depuis le début de l’année, les élèves et leur enseignante travaillent sur un projet bien précis, celui de monter une permanence solidaire au sein de l’établissement. Le principe : aider des personnes peu à l’aise à l’écrit dans leurs démarches administratives, et notamment sur internet, un outil pas encore accessible à tous.
Des élèves acteurs de leur vie et de leur quartier
Sourire de fierté sur les lèvres, Louisa Boudjadja explique ce qui la motive dans cette aventure : « Les élèves sont acteurs et pas juste en situation d’écoute passive. Ils se sentent investis et ont l’impression qu’on leur a donné une responsabilité. Donc cette responsabilité, ils ont envie de pouvoir l’assumer et de se dire : « Oui, moi aussi je suis capable de le faire ». Alors, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes ».
Si les lycéennes s’investissent autant, c’est aussi parce qu’elles ont conscience de l’intérêt de ce projet. « C’est important car il y a beaucoup de gens qui ne savent pas lire », affirme Nousra. Et puis, « on s’amuse, complète sa camarade Soirifati pleine d’entrain, et on apprend mieux ». Apprendre en faisant, tel est l’objectif pédagogique du cours. Après avoir pris contact avec des associations similaires, les élèves sont à l’étape de la simulation, un exercice utile alors que beaucoup exerceront plus tard un métier d’accueil. Prochaines étapes : l’aménagement de la permanence dans une salle du lycée puis, progressivement, l’accueil du public à partir du printemps.
À terme, l’objectif est de favoriser l’accès aux droits sociaux, de lutter contre la pauvreté, mais aussi de mettre en avant le potentiel des élèves de lycées professionnels, comme l’explique Wassulati: « Ce projet, je ne pense pas qu’il y ait des gens qui le fassent, alors nous, on veut y arriver. On veut montrer qu’on peut réussir ».
M.G.P
Bravo Mme Boudjadja Louisa pour tous ses engagements qui comptent cette excursion en Guyane comme d’une facilité à l’exil et la mise en place de cette permanence qui offre une accessibilité plus franche au droit envers celles qui en ont le plus besoin. Nous espérons pour vous, un soutien toujours plus croissant dans vos activités périscolaires qui nous montrent ces étapes franchies d’une simple pérégrination à des horizons contraignants et inaccessibles pour les citoyens de demain. Bravo. M.M