Zita HANROT, rencontre avec une artiste

Présenté au Festival de Cannes, Fatima est un film juste et touchant. Il révèle le décalage entre les générations d’immigrés et pose la question de l’intégration. C’est aussi le regard d’une mère qui n’est qu’amour et dévotion pour ses filles. Rencontre avec l’une d’entre elles, Zita Hanrot dans le rôle de Nisrine.

Echos d’Orient : Peux-tu nous parler de ta rencontre avec le réalisateur Philippe Faucon?

Zita : La rencontre s’est faite l’année dernière. Mon agent m’a appelée pour passer les essais pour le film Fatima. Quelques jours après, Philippe FAUCON, le réalisateur m’a rappelée pour me dire que j’étais prise. J’ai découvert ses films et j’ai beaucoup aimé sa façon de travailler. Il n’est pas du tout caricaturale dans sa façon de travailler et il ne nous impose pas sa vision des choses.

Parle-nous de ton personnage Nisrine…

Nisrine est une jeune fille de dix-huit ans qui est en première année de médecine. Elle est la sœur aînée très proche de sa mère, même si elles ne se comprennent pas sur tout, il y a beaucoup de douceur entre les deux. Pour y arriver, Nisrine n’a pas d’autre choix que de réussir ses études. C’est une fille qui a beaucoup de pression, car sa réussite est une nécessité. Nisrine a la volonté et la détermination d’une adulte même si elle a les doutes d’une jeune fille de dix-huit ans. Elle sait que sa réussite devra permettre à sa mère et aux futures générations de s’élever socialement. Je la trouve très courageuse et j’aime beaucoup sa détermination.

Comment définirais-tu le rôle de Fatima?

Fatima me rappelle ma grand-mère, nous sommes d’origine jamaïcaine. Des immigrés jamaïcains en Angleterre c’est comme les Maghrébins arrivés en France. Ils n’ont pas eu de poste intéressant et ils ont subi une forme de racisme. Ils ont essayé de s’intégrer à une société qu’ils ne connaissaient pas. Quand ma grand-mère est arrivée en Angleterre, elle ne parlait pas bien l’anglais, elle travaillait dans une usine de textile. Puis son fils est venu la rejoindre, mais lui aussi n’a pas su s’adapter à cette nouvelle vie. Ma mère m’a dit que ce film est l’histoire de ma grand-mère. Et je trouve cela bien.

Le film évoque l’école comme étant une nécessité à une intégration réussie, es-tu de cet avis?

L’école est un tremplin. Je pense que cela passe par l’école, mais aussi par la curiosité et l’envie que les gens ont pour s’intégrer. La curiosité sur le monde et sur les autres facilite le dialogue et l’envie d’aller vers l’autre.

Souad, ressemble beaucoup à cette nouvelle génération de jeunes, comment expliques-tu sa révolte?

Pour Souad cela est très compliqué, car tout d’abord sa sœur aînée réussit plus qu’elle. Souad a un complexe, quand elle voit sa mère se tuer à la tâche et se faire mépriser par une très grande partie de la société, elle a du mal à l’accepter. Quand tu es témoin de cette humiliation, c’est très dur. Souad est tellement fragile qu’elle n’a trouvé que la violence verbale pour exprimer sa colère. C’est une réaction qui me paraît normale. Dans la vie, je suis plus proche du personnage de Souad!

Comment a réagi ton entourage à la projection du film?

Ils ont adorée le film! Ils ont trouvé l’histoire magnifique et très justement racontée.

As-tu d’autres projets de cinéma?

Oui, j’ai fait un téléfilm cet hiver qui va passer sur France 2 en septembre qui s’appelle Rose et le soldat réalisé par Jean Claude Barny et là je viens de terminer le film du premier long métrage de Rachida Brakni qui sortira prochainement.  

F.C

SYNOPSIS

Fatima élève seule ses deux filles : Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont son moteur, sa fierté, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu’il ne lui a pas été possible de dire jusque là en français à ses filles… Sortie en salle le 7 octobre 2015.

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