L’enfance palestinienne au coeur de la résistance

Tout a commencé en 1967. A l’issue de la guerre des six jours, Israel annexe la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Une occupation qui va s’étendre, au fur et à mesure des années, vers d’autres villes. Le peuple palestinien vit depuis 48 ans dans une prison à ciel ouvert. Pour montrer leur colère, les Palestiniens organisent des rassemblements qui dégénèrent la plupart du temps. En parcourant les photos de ces manifestations, qui sont considérées comme clandestines aux yeux d’Israël, je suis tombée sur un cliché qui illustre la souffrance palestinienne. Une jeune fille menaçant un soldat. Un moment rare. L’adolescente a accepté de se confier à nous.

« Il faut casser le mur de la peur. Au-delà de nos origines, nous sommes humains. Il faut nous aider ». Crédit photo : Bilal Tamimi
« Il faut casser le mur de la peur. Au-delà de nos origines, nous sommes humains. Il faut nous aider ». Crédit photo : Bilal Tamimi

Elle est blonde. Elle a les cheveux bouclés. Ahed Tamimi, 15 ans, est depuis trois ans le symbole de la résistance juvénile. Du haut de son mètre 50, Ahed ose défier les soldats de l’occupation israélienne. Comme tous les vendredis, elle et tous les jeunes du village Nabi Saleh, défilent dans les rues. Leur objectif principal ? Montrer aux soldats israéliens qu’ils s’opposent à cette domination militaire. Sa volonté de vaincre l’ennemi efface sa peur. Pourtant, Ahed vit dans la crainte incessante. Elle est angoissée à l’idée que l’armée puisse tuer un des siens. Son papa, Bassem Tamimi a été emprisonné par Israel à plusieurs reprises. Sa maman a été blessée par des balles réelles. Son grand frère est actuellement en prison. Famille de résistants, les Tamimi sont dans le viseur des autorités israéliennes. Ils sont accusés d’organiser des manifestations illégales et d’inciter les jeunes à lancer des pierres contre les soldats.

Militante confirmée, sur plusieurs photos elle apparait le visage rouge, poing serré en direction de l’occupant armé. Rien n’arrête l’adolescente. Elle a été interpellée maintes fois, et pourtant elle n’hésite pas à « menacer » un soldat lourdement armé.

Ahed a un moral d’acier. Questionnée sur sa force, elle rétorque « quand on vit en Palestine, on grandit en étant fort. Nos parents nous apprennent à résister. Le combat contre l’occupation est notre obsession. » Dès l’âge de 10 ans, elle participe à des manifestations, et reconnait jeter des pierres contre les tanks et les chars stationnés un peu partout dans son village. Son souhait est de sauver les générations futures. « Je ne veux pas que les enfants connaissent cette horreur. Il y aura beaucoup de victimes. Mais, il faut libérer la Palestine. »

Malgré les blocus répétitifs subis par son village, Ahed se force à aller au lycée pour étudier. « L’éducation est une force. Je veux leur montrer que rien ne peut nous arrêter et qu’ils ne nous font pas peur. » Elle admet que ses résultats dépendent directement des événements que le village endure.

Plus tard, l’adolescente de 15 ans souhaite devenir avocate internationale pour défendre la cause palestinienne devant le monde entier. Si la Palestine devient libre, elle a prévu un plan B, celui de devenir footballeuse professionnelle.

Meye Mando

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